Moratoire sur les énergies renouvelables : mesure adoptée pour l’éolien et le solaire

En bref

L’Assemblée nationale adopte puis rejette massivement un moratoire controversé sur les énergies renouvelables en juin 2025.

  • Vote initial serré : 65 voix contre 62 dans un hémicycle clairsemé suspendant tous nouveaux projets éoliens et solaires
  • Impact économique majeur : jusqu’à 130 000 emplois menacés selon les professionnels du secteur
  • Mobilisation massive : régions, entreprises et organisations dénoncent une mesure dénuée de fondement scientifique
  • Rejet définitif : 377 voix contre 142 enterrent le projet après une mobilisation sans précédent

 

Ce matin de juin 2025, Marc, technicien dans une entreprise d’installation photovoltaïque à Lyon, découvre avec stupéfaction l’actualité sur son téléphone. L’Assemblée nationale vient d’adopter un moratoire énergies renouvelables qui suspend tous les nouveaux projets éoliens et solaires. Son équipe de quinze personnes, qui travaillait sur trois chantiers simultanés, se retrouve dans l’incertitude la plus totale. Cette mesure controversée, votée le 19 juin par seulement 65 voix contre 62, illustre parfaitement les tensions qui traversent notre politique énergétique nationale.

J’ai suivi de près cette séquence parlementaire qui a secoué le secteur des énergies vertes. Avec mon expérience de passionné d’énergie, je mesure l’ampleur des enjeux derrière ce vote serré qui aurait pu bouleverser notre transition écologique.

Un vote serré aux conséquences majeures pour la filière

Le moratoire sur les énergies renouvelables proposé par le député LR Jérôme Nury a créé un véritable séisme politique. Dans un hémicycle clairsemé comptant seulement 131 votants, cette mesure a été adoptée grâce au soutien du Rassemblement national et de plusieurs formations de droite.

 

 

La faible mobilisation des opposants s’est révélée déterminante. Sur les 93 membres d’Ensemble pour la République, seuls 21 ont participé au scrutin. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 8 votants sur 36 chez les Démocrates, 4 sur 34 pour Horizons, 14 sur 71 pour La France insoumise. À l’inverse, le RN a mobilisé 57 de ses 121 députés, démontrant une stratégie politique bien orchestrée.

Cette proposition suspendait l’instruction, l’autorisation et la mise en service de tout nouveau projet utilisant l’énergie éolienne ou solaire photovoltaïque. Les installations existantes auraient pu continuer à fonctionner jusqu’à la fin de leur autorisation, mais sans possibilité de renouvellement ou d’extension.

Groupe politique Votants présents Nombre total de députés Taux de participation
Rassemblement National 57 121 47%
Ensemble pour la République 21 93 23%
La France Insoumise 14 71 20%
Les Républicains 44

Mesure qui divise l’Assemblée et menace l’emploi

L’impact économique annoncé de ce moratoire énergies renouvelables aurait été considérable. France Renouvelables évoquait 80 000 emplois menacés, certaines sources montant même jusqu’à 130 000 postes dans les filières solaire et éolienne. Le ministre de l’Industrie Marc Ferracci n’a pas mâché ses mots, qualifiant cette mesure de catastrophe économique et industrielle.

J’ai pu constater lors de mes échanges avec des professionnels du secteur comme egpp-electricite.fr que cette incertitude avait immédiatement gelé certains investissements. L’autoconsommation solaire, qui progressait de 48% entre 2024 et 2025 selon Enedis, risquait de subir un coup d’arrêt brutal, rappelant le moratoire de 2010 qui avait entraîné la perte de 20 000 emplois.

La mobilisation qui a suivi le vote du 19 juin fut remarquable. Une lettre ouverte signée par plusieurs présidents de régions, des entreprises internationales et des organisations professionnelles dénonçait une mesure dénuée de fondement scientifique et économique. Le Collectif de Défense du Photovoltaïque Français orchestrait une campagne d’information intensive.

Même au sein des Républicains, des voix dissidentes se sont élevées. Les députés Antoine Vermorel-Marques, Sébastien Martin et Virginie Duby-Muller publiaient une tribune dans L’Opinion le 23 juin, critiquant ouvertement la position de leur parti sur cette question énergétique cruciale.

Des objectifs énergétiques contradictoires

L’incohérence du texte initial apparaissait flagrante. Le même jour que l’adoption du moratoire, l’Assemblée votait un amendement fixant l’objectif d’au moins 200 TWh d’électricité renouvelable sur les 560 TWh attendus en 2030. Comment atteindre ces objectifs en bloquant simultanément les nouvelles installations ?

  • Maintien d’un mix nucléaire majoritaire à horizon 2050
  • Construction d’au moins 14 réacteurs classiques
  • Développement de 15 petits réacteurs modulaires
  • Réouverture hypothétique de Fessenheim malgré son impossibilité technique
Moratoire sur les énergies renouvelables : mesure adoptée pour l'éolien et le solaire

Rejet massif et enjeux de souveraineté énergétique

Le 24 juin 2025 marquait un tournant décisif. Après une mobilisation sans précédent, l’Assemblée nationale rejetait massivement la proposition de loi par 377 voix contre 142. Ce vote solennel enterrait définitivement le projet de moratoire, démontrant que la démocratie parlementaire gardait sa capacité de rectification.

Cette séquence m’a rappelé combien les enjeux énergétiques transcendent les clivages politiques traditionnels. La France importe encore 60% de sa consommation énergétique sous forme d’hydrocarbures, représentant une facture de 55,6 à 60 milliards d’euros annuels. Chaque jour, notre pays verse 150 millions d’euros aux pays producteurs de pétrole et de gaz.

Le député LFI Matthias Tavel dénonçait un sabotage délibéré de la transition énergétique, tandis que Jean-Philippe Tanguy du RN se félicitait de cette mesure qu’il considérait comme un pilier du projet de Marine Le Pen. Ces positions antagonistes révélaient la profondeur des divisions sur notre avenir énergétique.

Malgré le rejet parlementaire, des rumeurs persistantes évoquent un possible décret de Programmation Pluriannuelle de l’Énergie comportant un moratoire partiel. Le Premier ministre Sébastien Lecornu envisagerait cette voie réglementaire pour suspendre temporairement certains projets, le temps d’une évaluation des soutiens publics aux énergies renouvelables. Cette possibilité suscite de nouvelles inquiétudes chez les professionnels qui y voient un déni démocratique après le rejet massif de l’Assemblée.

 

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